Si quelqu'un avait chanté faux dans ma famille, on l'aurait sans doute considéré comme anormal, comme pas vraiment humain… aussi n'est-ce pas étonnant que j'aie commencé ma vie professionnelle par la musique.

Mais à côté de cela, il y avait une dissonance que je n'ai cessé d'entendre toute mon enfance. Les paysans qui m'entouraient, et qui s'amusaient de mes efforts pour apprendre leur langue, m'avertissaient toujours quand j'avais acquis un nouveau mot, une expression : « tu sais, c'est pas beau, c'est pas comme ça qu'on dit en français ! » La langue dans laquelle ils plaisantaient, ils s'amusaient, l'idiome de leur intimité n'était « pas beau » !

Il m'a fallu des années d'études pour comprendre, à défaut d'accepter, comment mes amis avaient intériorisé le jugement négatif porté sur leur « patois », devenu « langue régionale » maintenant qu'il est trop tard.

À la même époque, mon grand-père qui avait été pasteur, et qui excellait en latin, grec et hébreu, nous donnait un coup de main pour les versions latines et grecques, et ne manquait jamais de nous fournir l'étymologie d'un mot, ou des prénoms.
Ce sont ces deux influences conjuguées qui m'ont amenée à la linguistique et à la lexicographie.

Parallèlement à mon travail dans l'édition (voir bibliographie), j'ai eu l'occasion de faire des études pour le CNRS. C'est cette sensibilité aux manières de dire qui m'a fait expérimenter et mettre petit à petit au point une méthode d'Analyse Du Discours que j'ai utilisée dans des analyses d'enquêtes de musiciens faites au Laboratoire d'Analyse Musicale, pour lequel j'ai travaillé de 2002 à 2009.

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